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Pictureplane - Biographie et discographie, tous les albums et chansons

Pictureplane

Pictureplane est le nom de scène du musicien électronique, artiste et designer américain Travis James Egedy (Travis James Egedy), l’une des figures clés de l’underground américain de la fin des années 2000 et du début des années 2010. Son nom est durablement associé non seulement à la musique, mais aussi à la formation de l’esthétique, de la terminologie et de la philosophie d’une scène qui sera plus tard connue dans le monde entier sous le nom de witch house.

Origines et pensée précoce

Travis Egedy est né le 1er mai 1985 à Santa Fe (Nouveau-Mexique), une région à forte identité visuelle, mystique et culturelle. Très tôt, il ne pense pas en termes de genres, mais en termes de espaces : le son, l’image et le corps sont pour lui des éléments d’un même système artistique.

Il commence à faire de la musique dès l’adolescence, en utilisant des outils numériques primitifs et des logiciels simples. Déjà à cette époque, ce qui l’intéresse n’est pas la « propreté » du son, mais l’atmosphère, la tension et l’effet de présence.

Denver, Rhinoceropolis et l’esprit d’une époque

Une étape décisive est son déménagement à Denver (Colorado). Egedy se retrouve alors au cœur d’une scène DIY radicale et vit dans le lieu artistique légendaire Rhinoceropolis.

Il faut comprendre que Rhinoceropolis n’était pas seulement un squat, mais une véritable matrice d’un mouvement culturel entier, réunissant :

  • noise rock

  • art-dance

  • esthétique punk

  • électronique expérimentale

Dans cet environnement, le bruit et la danse étaient indissociables, et la musique existait à la frontière entre performance, rituel et fête. C’est précisément là que Pictureplane se forme comme projet où son, visuel et corps fonctionnent en synchronie.

Pictureplane comme projet artistique

Le projet Pictureplane naît au milieu des années 2000 et dépasse immédiatement le cadre de la « simple musique électronique ». Son langage sonore combine :

Les morceaux de Pictureplane ne sonnent pas comme des outils de club classiques, mais comme des portails — des invitations à entrer dans un autre état.

La naissance du terme Witch House

L’un des moments historiques majeurs est directement lié à Travis Egedy. En 2009, il introduit « witch house » sur le ton de la plaisanterie pour décrire sa musique et celle de ses amis. C’est un jeu ironique avec l’idée de la musique house, mais avec une aura « sorcière », sombre et occulte.

Le nom n’avait pas vocation à devenir sérieux, mais il s’est imposé de manière inattendue, a dépassé la blague et est devenu la désignation d’une scène entière. Avec le temps, le terme a pris sa propre vie, et Pictureplane est entré dans l’histoire comme le point d’origine du nom même du genre.

L’album Dark Rift (2009) : le point de non-retour

L’album Dark Rift est un moment-clé dans la carrière de Pictureplane et dans l’ensemble de la première scène witch house. On le décrit souvent comme un point de non-retour : l’instant où une expérimentation underground se transforme en phénomène culturel.

Une place particulière revient au morceau « Goth Star », qui :

  • devient l’hymne d’une génération d’« internet-goths »

  • se diffuse activement via blogs et forums

  • sample Fleetwood Mac, créant un dialogue inattendu entre héritage pop et esthétique électronique sombre

Si l’on demande : « par quoi commencer avec Pictureplane ? », la réponse est presque toujours : « Goth Star ».

New York et l’élargissement du médium

Au début des années 2010, Egedy s’installe à New York, où son œuvre devient pleinement interdisciplinaire. La musique de Pictureplane se mêle de plus en plus à :

  • l’art visuel

  • la performance

  • la mode

C’est là qu’apparaît la marque Alien Body — non pas une simple ligne de vêtements, mais une extension de la philosophie de l’artiste.

Alien Body et philosophie

Pour Travis Egedy, Alien Body n’est ni du merchandising ni un projet de mode au sens classique. Il le décrit comme une forme de « gnosticisme technologique » et d’« occultisme numérique ».

Dans ce système, le vêtement est :

une enveloppe protectrice pour le nomade numérique,
une interface entre le corps, la technologie et l’environnement.

Ainsi, le son, l’habit et le visuel deviennent les éléments d’une même mythologie.

Le pseudonyme Pictureplane : sens et métaphore

Le nom Pictureplane renvoie à un terme de la peinture classique — le « plan de l’image », la frontière entre le regardeur et le monde représenté.

Egedy utilise consciemment cette métaphore : sa musique n’est pas un objet à observer, mais un espace dans lequel l’auditeur doit entrer, en franchissant la limite entre la réalité et le monde artistique.

Pictureplane — discographie détaillée

La discographie de Pictureplane ne raconte pas une « carrière » linéaire, mais une évolution de la pensée artistique — du DIY-noise et de l’électronique lo-fi vers une techno conceptuelle, une dark electronic et un son post-club philosophique. Beaucoup de sorties paraissent dans un format underground, en petits tirages ou en éditions numériques, ce qui est typique de la scène dont il est issu.

Albums studio

Pictureplane (2004)

Premier album

Une sortie brute et expérimentale où l’on devine déjà les traits majeurs du projet : atmosphère sombre, électronique primitive, textures noise et refus des cadres de genre. L’album sonne comme le journal d’un artiste qui commence à forger son propre langage.

Covered in Blood, Surrounded by Text (2005)

Un album plus agressif et plus conceptuel. La musique devient plus dense ; on y sent davantage de ritualité et de tension corporelle. Le titre souligne l’intérêt d’Egedy pour la symbolique, le texte et la surcharge visuelle — un thème important pour la suite.

Slit Red Bird Throat (2005)

L’un des albums les plus sombres et extrêmes des débuts. On y perçoit clairement des influences noise, une esthétique industrielle et un esprit DIY-punk. Ce disque est souvent vu comme une étape de transition : du chaos expérimental vers une structure plus consciente.

Turquoise Trail (2007)

Un album plus atmosphérique et « spatial ». On y sent le mouvement, le paysage et la transe. La musique ne fonctionne plus seulement comme du bruit, mais comme un milieu dans lequel l’auditeur existe.

Dark Rift (2009)

Album-clé / point de non-retour

La sortie la plus importante de la discographie de Pictureplane, et l’un des albums fondateurs de la première scène witch house.

  • C’est ici que l’esthétique du genre se fixe définitivement

  • L’album devient culte dans l’underground internet

Morceau clé :

  • « Goth Star » — hymne de la génération « internet-goth », et morceau par lequel on recommande le plus souvent de découvrir Pictureplane. La composition devient un symbole de l’ère des blogs, de la culture Tumblr et de l’occultisme numérique.

Thee Physical (2011)

Un album où le son devient plus physique et la rythmique plus nette. Le lien avec la techno et la culture club s’affirme, sans perdre l’atmosphère sombre et rituelle. La musique se ressent comme une interaction entre le corps et la machine.

Technomancer (2015)

Une sortie conceptuelle dédiée aux relations entre l’humain, la technologie et le pouvoir des systèmes numériques. Le son devient plus propre, plus « produit », tout en conservant une tension philosophique.

Cet album est souvent considéré comme le passage de Pictureplane du witch house vers une techno post-club et une dark electronic.

Degenerate (2018)

Un album sombre, dense et socialement chargé. Les thèmes d’aliénation, de corps, d’identité et de dégradation de la réalité numérique passent au premier plan. La musique sonne plus froide et plus dure, reflétant une vision plus pessimiste du présent.

Dopamine (2021)

Une sortie plus minimaliste et introspective. Le titre renvoie à la neurochimie du plaisir et de la dépendance, et la musique à l’état de surcharge numérique. L’album se perçoit comme une pause intérieure et une analyse de son propre parcours.

Sex Distortion (2025)

L’une des sorties les plus récentes et les plus mûres sur le plan conceptuel. Elle explore :

  • la corporéité

  • la sexualité

  • la distorsion de l’identité

  • le désir numérique

La musique associe des structures techno à une atmosphère sombre et à une couche philosophique.

Mixtapes et compilations

Thee Negative Slave Mixtape (2011)

Un mixtape reflétant la pensée DJ et curatoriale de Pictureplane. Important comme document de scène et de ses influences.

Rare & Bloody (2013)

Une compilation de morceaux rares, d’expériences précoces et de matériaux absents des albums principaux. Elle intéresse particulièrement les fans et les chercheurs du premier période.

The Alien Body Mixtape (2014)

Lié à la philosophie et à l’esthétique visuelle de la marque Alien Body. La musique y est directement connectée à l’idée du corps comme interface et enveloppe du sujet numérique.

EP, singles et remixes

Pictureplane possède un vaste catalogue :

  • EP

  • singles numériques

  • remixes pour d’autres artistes

Beaucoup de ces sorties paraissent en petites quantités ou exclusivement en numérique et jouent un rôle important dans la formation de la scène underground, même si elles ne sont pas des albums au sens strict.

Comment écouter Pictureplane (recommandation de la rédaction)

  • Pour débuter :
    Dark Rift → « Goth Star »

  • Pour comprendre la philosophie :
    Thee PhysicalTechnomancer

  • Pour la période récente :
    DegenerateSex Distortion

La discographie de Pictureplane est un archive de la formation d’une scène entière, et non un simple ensemble de sorties. Chaque album fixe un moment, un état culturel et une évolution du rapport de l’humain à la technologie, au corps et à l’identité.

C’est une discographie que l’on étudie, plutôt qu’on ne l’écoute simplement.

Faits intéressants

  • Pictureplane est considéré non seulement comme un pionnier, mais aussi comme l’auteur du terme « witch house ».

  • Rhinoceropolis a joué pour lui un rôle comparable à celui du CBGB pour le punk : un lieu de naissance de l’esthétique.

  • « Goth Star » fut l’un des premiers morceaux électroniques dont la popularité s’est construite entièrement via la culture internet.

  • Egedy a volontairement évité le mainstream « glossy », même lorsque son esthétique a été massivement copiée.

  • Ses projets sont toujours conçus comme des mondes cohérents, et non comme des sorties isolées.

Importance et influence

Pictureplane a influencé :

  • witch house

  • dark electronic

  • la scène post-club et DIY

  • la synthèse entre musique, visuel et mode

Il est l’exemple d’un artiste qui crée un langage, plutôt que de simplement l’employer.

Conclusion de la rédaction Minatrix.FM

Pictureplane est une figure d’ampleur historique pour la culture électronique underground. Il n’a pas seulement produit de la musique : il a inventé un terme, une esthétique et une manière de penser qui sont ensuite devenus globaux.

Son héritage n’est pas fait de classements ou de chiffres, mais d’une carte d’influence le long de laquelle la scène électronique sombre continue de se déplacer aujourd’hui.


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