 
	Dubwise n’est pas un genre, mais une optique dub : basse profonde, jeu live avec les effets (delay, spring reverb) et espaces de silence. Guide de production complet pour la DnB, la techno et le roots dub.
Dubwise est une approche musicale née du dub jamaïcain de la fin des années 1960–1970 et devenue, par la suite, un label pour des morceaux/sets mettant l’accent sur le basse, l’écho, l’espace et la « version ». Aujourd’hui, le terme apparaît en reggae/dub, dans le jungle et le drum & bass, le dub techno, le downtempo et la bass music : « dubwise » signifie que le matériau est façonné à la manière dub — avec un grave profond, une section rythmique « respirante » et des effets intégrés à l’arrangement.
Définition courte
Dubwise, c’est un son à l’esprit dub : section rythmique minimaliste, basse dominante, logique de performance live à la console (mutes/solos par groupes), delay/echo/spring reverb en abondance, versions (version, dub mix) et studio utilisé comme un instrument.
Origines et évolution
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Jamaïque, années 1970. Sound systems, « versions » en face B et « DJ-mixers » de studio (ingénieurs) transforment la chanson originale en dub instrumental en remodelant radicalement l’espace et le rythme. 
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Années 1980–1990. L’« esprit dub » migre au Royaume-Uni : rythmes steppers, le dub comme colonne vertébrale de la culture sound system, puis breakbeat/jungle ; le mot dubwise désigne souvent des variantes plus chaleureuses, « roots » du jungle et du DnB (samples reggae, basse roots, feeling offbeat ska/rocksteady). 
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Années 2000–aujourd’hui. Le terme s’élargit : dubwise drum & bass, dubwise techno/house, dubwise downtempo — partout où priment le bas du spectre, l’espace et le jeu « live » avec les effets. 
Traits sonores
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La basse en premier rôle. Profonde, « chantante », parfois sub-sinusoïdale avec une légère saturation ; souvent elle « porte » le groove sans mélodique chargée. 
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Section rythmique. Tempo modéré (en reggae/dub) ou motifs « brisés » (en jungle/DnB), avec toujours des vides et des « poches » pour les effets. 
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Les effets comme dramaturgie. Tape delay, spring reverb, balayages passe-haut/passe-bas, mutes/solos tranchés — la console comme instrument. 
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Versions. Dub mixes alternatifs, extended versions, instrumentaux, fragments vocaux « toaster ». 
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Timbres. Guitare skank sur l’offbeat, percussions, phrases de cuivres, orgue, mélodica ; en DnB — samples reggae et sub-bass sous amens/breaks. 
Sous-styles et zones voisines
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Roots dub / Steppers. Grosse pulsation « marche », kick quatre temps, sub profond et halo de spring reverb. 
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Dubwise Drum & Bass. Racines reggae à ~170 BPM : lignes de sub-basse, breaks junglists + effets dub. 
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Dub Techno / Dub House. Grilles d’accords en apparence monotones, échos à bande, longues traînes de reverb, priorité à la texture et à l’espace. 
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Downtempo/Trip-hop dubwise. Grooves ralentis, traînées d’échos analogiques, « brume » cinématographique. 
Guide de production : faire sonner « dubwise »
Son & outils
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Delay : bande ou bonne émulation ; synchro tempo + pilotage manuel du feedback pour les « throws ». 
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Reverb : spring ou plate ; courts pre-delays, filtrage du bas. 
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Filtres/EQ : jouer en HP/LP sur envois et groupes ; adoucir l’aigu des signaux « wet » pour garder le « souffle ». 
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Saturation/distorsion : douce (tape/tube) sur la basse et les bus. 
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Downmix performé : « jouer » l’arrangement à la main à la console : mutes, solos, rides sur les sends. 
Couches (par priorité)
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Basse. Ligne simple et « chantante » ; mono jusqu’à ~120 Hz ; dynamique tenue, sans traînage. 
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Fondation drums. En reggae/steppers : groove détendu ; en DnB : breaks avec des « trous » pour les effets. 
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Guitare skank/orgue sur l’offbeat — accent métronomique. 
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Scènes d’effets. Deux ou trois sends pour delay/reverb ; automatiser feedback, filtres et niveaux d’envoi. 
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Vocal/phrases. Courtes interventions toaster, samples, phrases envoyées dans des échos lointains. 
Mixage
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Laisser de l’air. Le dubwise n’aime pas le « tout en même temps » ; il vit des entrées/sorties des sons. 
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Centre : basse & kick ; placer les effets plus larges, mais filtrés en haut/bas. 
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Reverb/delay en parallèle ; nettoyer la « bouillie » des bas-médiums dans les traînes. 
Où ça marche
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Sound systems et clubs au grave « honnête ». 
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Radioshows/mixes où comptent le flow et le jeu live à la console. 
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Cinéma/jeu vidéo — humidité de ville nocturne, panoramas industriels, ambiances caribéennes/urbaines. 
Glossaire
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Version / Dub — mix alternatif du morceau original, centré sur la basse et les effets. 
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Steppers — pattern de kick « marcheur » en quatre temps dans le dub. 
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Toaster — chanteur/MC qui déclame des phrases rythmiques sur du dub. 
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Spring reverb — réverb à ressort, attaque « éclaboussante » caractéristique. 
Checklist rapide du « mix dubwise »
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Y a-t-il une basse lead et a-t-elle assez d’espace ? 
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As-tu joué les sends (delay/reverb) comme des événements musicaux, plutôt que d’« enduire » d’effets ? 
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Entend-on des vides — ces pauses où l’effet « brûle » l’espace ? 
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Les mutes/solos fonctionnent-ils comme dramaturgie de l’arrangement ? 
Résumé
Dubwise n’est pas un genre strict mais une lentille : écouter la musique avec les oreilles d’un musicien-ingénieur. La basse est la protagoniste ; les effets ne sont pas des ornements mais des outils de narration ; le studio est un instrument. C’est pourquoi une « version dubwise » de n’importe quelle forme dance sonne plus profonde, plus vaste et plus vivante — des roots au drum & bass jusqu’au techno.
 
			